Contrairement à 1995 (la fracture sociale) et à 2002 (la sécurité), aucun thème ne s'est jusqu'ici imposé. Les candidats se livrent une concurrence féroce sur tous les sujets de débat, refusant de délaisser une question pour des raisons idéologiques.
La campagne passionne les Français, mais les indécis restent très nombreux ; les analystes relèvent leur « frustration » depuis le débat tronqué de la présidentielle de 2002 et pourtant, autre paradoxe, aucun thème ne s'est jusqu'à présent vraiment imposé, comme la « fracture sociale » avait marqué la présidentielle de 1995 et la « sécurité » celle de 2002. « Je suis surpris qu'il n'y ai pas eu jusqu'à présent de focalisation sur un seul sujet. En 1958, la campagne s'est faite sur l'Europe. En 1969, celle de Pompidou était le retour au bon fonctionnement des institutions après les troubles de 1968. Ma première campagne en 1974 portait sur le changement dans la continuité », s'étonnait ainsi Valéry Giscard d'Estaing, en fin de semaine dernière dans « Metro ».
Les sujets de préoccupation majeurs des Français ont peu bougé, puisqu'on retrouve en tête l'emploi, le logement et la sécurité. Mais cela ne suffit pas à structurer la campagne autour d'eux. En réalité, depuis la mi-janvier, les sujets de débat, qu'ils soient lancés par les candidats ou dictés par l'actualité, se sont succédé à grande vitesse, rares étant ceux dont la durée de vie dépassait la semaine.
Course entre primo-accédants
L'environnement, fortement suscité par Nicolas Hulot, a ouvert le bal, suivi des impôts (avec notamment l'exil fiscal de Johnny Hallyday), du travail, des délocalisations et du rôle de l'Etat relancés par le plan d'Airbus, des institutions, de l'éducation, de l'identité nationale avec le ministère annoncé par Nicolas Sarkozy... suivi, quelques jours plus tard, de Ségolène Royal et de son souhait de réhabiliter « La Marseillaise » et le drapeau français, puis, la semaine dernière, de la sécurité après les incidents de la gare du Nord, de l'emploi des jeunes. Tout le spectre économique, social et institutionnel s'est trouvé, à un moment ou à un autre, sur le devant de la scène médiatique.
Alors pourquoi ? Les explications abondent : zapping médiatique des électeurs, comme l'explique le sociologue Denis Muzet (lire ci-dessous), désarroi idéologique accru depuis 2002, scepticisme face à la parole politique, qui conduit les Français à privilégier la façon dont les candidats incarneront la fonction présidentielle sur les questions de fond.
Dans cette course atypique et très serrée, entre primo-accédants d'une nouvelle génération, la concurrence est très sévère. La campagne de 2002, qui aurait vu Lionel Jospin perdre pour être passé à côté de la question centrale de la sécurité, a marqué les esprits et les candidats s'arrachent tout élément de l'actualité qui leur fera marquer des points, persuadés que celui qui l'emportera sera celui qui aura su imposer son thème à la campagne ou aura démontré qu'il était le plus en phase avec les préoccupations des Français. D'où ce brouillage que l'on observe chez les principaux candidats, chacun refusant de délaisser une thématique pour des prétextes idéologiques. Aucune question n'a encore été matière à « clivage fondamental » entre les trois candidats en tête, relève le politologue Jean-Luc Parodi. Ils se sont même le plus souvent « neutralisés », explique-t-il, en donnant l'exemple de l'environnement, que la signature du pacte Hulot par les principaux prétendants a « en quelque sorte annulé comme enjeu discriminant ». Dans la dernière ligne droite, les candidats cherchent à raviver le clivage gauche-droite, Nicolas Sarkozy haussant le ton sur la sécurité, Ségolène Royal revenant sur les questions d'emploi. Cela peut-il clarifier les enjeux ? Pas sûr, car ils n'ont pas pour autant renoncé à déserter le terrain de l'autre.
La campagne passionne les Français, mais les indécis restent très nombreux ; les analystes relèvent leur « frustration » depuis le débat tronqué de la présidentielle de 2002 et pourtant, autre paradoxe, aucun thème ne s'est jusqu'à présent vraiment imposé, comme la « fracture sociale » avait marqué la présidentielle de 1995 et la « sécurité » celle de 2002. « Je suis surpris qu'il n'y ai pas eu jusqu'à présent de focalisation sur un seul sujet. En 1958, la campagne s'est faite sur l'Europe. En 1969, celle de Pompidou était le retour au bon fonctionnement des institutions après les troubles de 1968. Ma première campagne en 1974 portait sur le changement dans la continuité », s'étonnait ainsi Valéry Giscard d'Estaing, en fin de semaine dernière dans « Metro ».
Les sujets de préoccupation majeurs des Français ont peu bougé, puisqu'on retrouve en tête l'emploi, le logement et la sécurité. Mais cela ne suffit pas à structurer la campagne autour d'eux. En réalité, depuis la mi-janvier, les sujets de débat, qu'ils soient lancés par les candidats ou dictés par l'actualité, se sont succédé à grande vitesse, rares étant ceux dont la durée de vie dépassait la semaine.
Course entre primo-accédants
L'environnement, fortement suscité par Nicolas Hulot, a ouvert le bal, suivi des impôts (avec notamment l'exil fiscal de Johnny Hallyday), du travail, des délocalisations et du rôle de l'Etat relancés par le plan d'Airbus, des institutions, de l'éducation, de l'identité nationale avec le ministère annoncé par Nicolas Sarkozy... suivi, quelques jours plus tard, de Ségolène Royal et de son souhait de réhabiliter « La Marseillaise » et le drapeau français, puis, la semaine dernière, de la sécurité après les incidents de la gare du Nord, de l'emploi des jeunes. Tout le spectre économique, social et institutionnel s'est trouvé, à un moment ou à un autre, sur le devant de la scène médiatique.
Alors pourquoi ? Les explications abondent : zapping médiatique des électeurs, comme l'explique le sociologue Denis Muzet (lire ci-dessous), désarroi idéologique accru depuis 2002, scepticisme face à la parole politique, qui conduit les Français à privilégier la façon dont les candidats incarneront la fonction présidentielle sur les questions de fond.
Dans cette course atypique et très serrée, entre primo-accédants d'une nouvelle génération, la concurrence est très sévère. La campagne de 2002, qui aurait vu Lionel Jospin perdre pour être passé à côté de la question centrale de la sécurité, a marqué les esprits et les candidats s'arrachent tout élément de l'actualité qui leur fera marquer des points, persuadés que celui qui l'emportera sera celui qui aura su imposer son thème à la campagne ou aura démontré qu'il était le plus en phase avec les préoccupations des Français. D'où ce brouillage que l'on observe chez les principaux candidats, chacun refusant de délaisser une thématique pour des prétextes idéologiques. Aucune question n'a encore été matière à « clivage fondamental » entre les trois candidats en tête, relève le politologue Jean-Luc Parodi. Ils se sont même le plus souvent « neutralisés », explique-t-il, en donnant l'exemple de l'environnement, que la signature du pacte Hulot par les principaux prétendants a « en quelque sorte annulé comme enjeu discriminant ». Dans la dernière ligne droite, les candidats cherchent à raviver le clivage gauche-droite, Nicolas Sarkozy haussant le ton sur la sécurité, Ségolène Royal revenant sur les questions d'emploi. Cela peut-il clarifier les enjeux ? Pas sûr, car ils n'ont pas pour autant renoncé à déserter le terrain de l'autre.