PARIS, 27 janvier (Reuters) - Le ministre du Travail, Michel Sapin, a promis dimanche que le gouvernement associerait les partenaires sociaux à la future réforme des retraites, qui promet d'être un des grands dossiers de 2013.
"C'est aussi à eux et d'abord à eux de travailler avec nous", a-t-il déclaré sur Radio J. "La méthode compte énormément. Plus un problème est difficile (...), plus il faut utiliser la méthode du dialogue et de la concertation."
Dans deux rapports rendus publics en décembre et la semaine dernière, le Conseil d'orientation des retraites (COR) souligne les insuffisances de la réforme de 2010.
Si aucune nouvelle mesure n'est prise pour redresser le système français de retraite par répartition, celui-ci verra son déficit passer de 14 milliards d'euros en 2011 à 21,3 milliards en 2017, estime-t-il ainsi. Dans le meilleur des cas, à législation constante, le COR n'envisage pas un équilibre de l'assurance vieillesse avant le début des années 2040.
"Ça prouve que ce que nous disions au moment de l'adoption de la réforme Fillon est parfaitement exact", a déclaré Michel Sapin. "Nous avons dit, c'est d'abord inefficace (...). Eh bien le système non seulement n'est pas équilibré mais il se dégrade. Et nous avions dit aussi, c'est injuste."
Il a promis une phase de concertation avec l'ensemble des acteurs concernés, en particulier le patronat et les syndicats - "Le calendrier, c'est utiliser à plein cette année 2013 (...) pour cette concertation indispensable."
"On n'est pas dans l'urgence immédiate, la réforme des retraites ce n'est pas à un mois près, il faut résoudre ce problème à l'horizon 2020", a ajouté le ministre. "Il faut bien préparer. Une décision bien préparée est une décision bien appliquée et efficace ensuite."
Il a refusé d'évoquer un retour à 65 ans de l'âge du départ à la retraite au lieu de 62, alors que l'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard juge "vivement souhaitable", dans le Journal du Dimanche, d'aller "jusqu'à 65 ans".
"Je ne veux pas dire des choses comme ça parce que simplement s'obnubiler sur l'âge de départ à la retraite n'est pas la bonne manière de faire", a répliqué Michel Sapin. "Parce que quand vous reculez l'âge de départ à la retraite, alors que certains ont commencé à travailler très tôt, ça veut dire qu'il y en a qui vont travailler très longtemps."
"Il faut aussi regarder la question de la pénibilité, il faut différencier", a-t-il ajouté. "Ce sont tous ces sujets-là qui doivent être étudiés par les partenaires qui sont concernés. Je ne pense pas que la question de l'âge de départ à la retraite soit la question décisive."
Il a par ailleurs écarté l'idée, émise par Michel Rocard dans la même interview, d'une réduction de la durée du temps de travail pour diminuer le chômage. "Ça me paraît un peu dépassé. On l'a déjà fait. On va essayer de travailler sur d'autres données", a dit le ministre du Travail. (Emmanuel Jarry, édité par Henri-Pierre André)