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Les nouveaux combats de François Fillon

Lundi 2 Mars 2009

Avec la crise, 2009 s'annonce comme l'année des mauvaises nouvelles. Le premier ministre entend affronter les difficultés avec sang-froid.


Les nouveaux combats de François Fillon
Il ne doute pas. Ni de Nicolas Sarkozy. Ni de ses ministres. Encore moins des choix économiques du gouvernement pour affronter la crise économique. François Fillon affiche le calme des vieilles troupes dans son bureau de l'Hôtel Matignon qu'il occupe depuis vingt et un mois. En baisse dans les sondages, effacé bon gré mal gré derrière l'hyperprésident, en retrait dans les médias - il s'exprimera néanmoins mardi sur Europe 1 -, le premier ministre ne parle que de la crise, rien que la crise. Son mot d'ordre ? «Tenir bon. Faire sans cesse de la pédagogie et garder son sang-froid.»
Du sang-froid, il va lui en falloir, car en matière de mauvaises nouvelles, on n'a encore rien vu. Les chiffres qui circulent font froid dans le dos : un déficit qui pourrait atteindre 100 milliards d'euros en 2009 - dont 30 milliards au titre du plan de relance et 20 milliards de recettes fiscales en moins - et un recul de la croissance situé entre 1 et 1,5 %. Mais la France, se console-t-on au gouvernement, s'en sort un peu mieux que les autres puisque le PIB de l'Allemagne devrait reculer de 3 % et celui du Japon de plus de 6 %
«Il ne faudra pas se laisser ballotter par l'humeur générale, qui sera forcément mauvaise», observe le premier ministre, visiblement prêt à affronter une année calamiteuse. Avant la prochaine journée de manifestations et de grèves décrétée par les syndicats (le 19 mars), Fillon fait le pari que, dans un contexte pareil, les responsables syndicaux ne voudront pas en rajouter. Au gouvernement, on observe la donne syndicale, et on se dit qu'il est impératif de consolider le dialogue avec la CFDT de François Chérèque. La CGT ? La concurrence de SUD la place sur la défensive, ce qui complique la stratégie de Bernard Thibault.
«Faire marcher la maison»
Ancien ministre des Affaires sociales, entre 2002 et 2004, Fillon s'active en coulisses. Avant le sommet social de l'Élysée, il a transmis une note au président pour lui expliquer en substance ce qui lui semblait raisonnable et ce qui ne l'était pas. Il s'est ainsi opposé formellement au rétablissement de l'autorisation administrative de licenciement ou encore à une augmentation du smic.
Avec Sarkozy, le fonctionnement est devenu sans nuages. «On est débarrassé de toutes les scories d'avant. Le président a bien compris que ma loyauté était totale. J'ai fait le choix de faire marcher la maison», confie le premier ministre.
François Fillon s'amuse des débats sur le rôle du président en temps de crise. Doit-il être en première ou en deuxième ligne, s'exposer ou se protéger ? «Nicolas Sarkozy sera toujours en première ligne ! Pour deux raisons. D'abord parce que c'est sa nature. Et puis parce que c'est normal que, dans cette crise, il en fasse plus.»
«Dans l'immensité des difficultés que j'ai à régler, Fillon n'est pas un problème», confiait le chef de l'État la semaine dernière, visiblement satisfait de sa relation avec son premier ministre, même si, comme souvent, il décrit ses relations avec son premier ministre sans superlatifs.
Sur la crise en Guadeloupe ou celle des universités, François Fillon assume ses responsabilités de chef de gouvernement et ne cherche pas d'explications commodes : «S'il y a eu des erreurs, c'est moi le responsable.» Yves Jégo a fait le job «mais le temps jouait contre nous», dit-il pour justifier sa décision de le faire revenir. Fillon ne cache pas qu'il redoutait une extension du conflit en métropole.
Quant à Valérie Pécresse, dont le projet de décret sur les enseignants-chercheurs doit être réécrit, Matignon lui met du baume au cœur : «Franchement, elle se bat bien mais il y a un moment où un ministre n'a plus de marges de manœuvre, il fallait passer à l'échelon du dessus, donc à Matignon», explique-t-on dans son entourage.
En fait, Fillon est convaincu que la crise a «solidifié» les relations au sein de son gouvernement. Un avis que ne partagent pas certains ministres. Ceux-là se plaignent parfois du manque de soutien de Matignon. «François ne veut pas s'investir dans ce travail de management. Mais franchement, on a besoin de réunions de travail. Matignon ne peut pas se résumer à un centre d'expertise technique», estime l'un d'entre eux.
Deux ans après la formation de son gouvernement, Fillon se félicite de voir des membres de son équipe se révéler pendant la crise, alors qu'ils n'étaient pas considérés au départ comme des «vedettes». Parmi eux, Christine Lagarde, Michel Barnier et Roselyne Bachelot.

Bruno Jeudy le figaro
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