Repenser la santé au travail
Trop souvent, la santé au travail est perçue sous un prisme minimaliste, limité à des visites médicales et au suivi des arrêts de travail. Pourtant, les Services de Prévention et de Santé au Travail (SPST) jouent un rôle bien plus large. Ils sont des partenaires stratégiques, capables de transformer la prévention en un véritable levier de performance sociale.
Pour les élus du CSE, collaborer activement avec le SPST est une opportunité majeure pour protéger les salariés, améliorer leurs conditions de travail et prévenir les risques professionnels.
Les missions des SPST : des ressources à mieux exploiter
Conformément aux articles L4622-1 et suivants du Code du travail, les SPST ont pour mission d’accompagner les entreprises dans :
- L’évaluation des risques professionnels (Fiche entreprise) : identifier et prévenir les dangers liés au travail (TMS, risques chimiques, RPS, etc.).
- Le conseil en santé au travail : proposer des solutions pour adapter les postes aux spécificités des salariés, notamment en cas de handicap ou de retour à l’emploi après un arrêt prolongé.
- La mise en œuvre d’actions de prévention : campagnes de sensibilisation, formations, audits, et actions collectives.
Avec des équipes pluridisciplinaires (médecins, ergonomes, psychologues, assistants sociaux, etc.), ces services disposent d’une expertise précieuse souvent sous-utilisée.
Pourquoi les élus du CSE doivent aller au-delà de la visite médicale
Si la visite médicale est un pilier important de la santé au travail, elle n’est qu’un outil parmi d’autres. Les élus du CSE doivent élargir leur perspective pour exploiter tout le potentiel des SPST.
1. Prévenir plutôt que guérir
Plutôt que d’attendre que des problèmes surviennent, les élus doivent mobiliser le SPST pour anticiper les risques :
- Réalisation d’études sur les postes exposés à des risques spécifiques.
- Analyse des indicateurs de santé au travail (absentéisme, accidents, etc.).
- Mise en place de plans d’action pour prévenir les risques émergents comme les troubles musculo-squelettiques (TMS) ou les risques psychosociaux (RPS).
2. Faire du SPST un allié dans les projets de transformation
Les projets de transformation (restructurations, adoption de nouvelles technologies, etc.) génèrent souvent des impacts sur les salariés. Le SPST peut :
- Identifier les risques liés à ces changements.
- Proposer des solutions d’accompagnement adaptées (aménagements de postes, formations spécifiques).
- Aider à gérer les situations de stress ou d’inquiétude des équipes.
3. Sensibiliser et former les salariés et les managers
Les SPST peuvent organiser des formations et des campagnes de sensibilisation sur des sujets tels que :
- La prévention des RPS.
- L’ergonomie au travail.
- Les bonnes pratiques pour réduire les risques liés à l’usage prolongé des écrans ou au travail répétitif.
Comment renforcer la collaboration entre le CSE et le SPST ?
1. Instaurer des échanges réguliers
Prévoyez des réunions périodiques entre le CSE et les représentants du SPST pour :
- Faire le point sur les actions de prévention en cours.
- Identifier les nouveaux besoins et priorités.
- Discuter des résultats d’enquêtes ou d’audits de santé au travail.
2. Exploiter les données du Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP)
Le DUERP est une mine d’informations sur les risques identifiés dans l’entreprise. En collaboration avec le SPST, les élus du CSE peuvent :
- Analyser les données pour prioriser les actions.
- Suivre l’évolution des risques dans le temps.
- Proposer des mesures correctives ou préventives.
3. Impliquer le SPST dans les consultations obligatoires du CSE
Lors des consultations sur la politique sociale, les conditions de travail ou la santé des salariés (article L2312-26 du Code du travail), sollicitez l’avis et l’expertise du SPST pour enrichir vos débats et propositions.
4. Former les élus du CSE sur les missions des SPST
Mieux comprendre le rôle des SPST permet aux élus de collaborer plus efficacement avec eux. Proposez des formations dédiées pour les membres du CSE, axées sur :
- Les missions et compétences des SPST.
- Les outils de prévention disponibles.
- Les démarches à suivre pour mobiliser ces services.
Aller plus loin : une vision stratégique de la prévention
Investir dans une collaboration étroite avec le SPST, c’est :
- Réduire les coûts liés à l’absentéisme et aux accidents du travail.
- Améliorer la qualité de vie et les conditions de travail (QVCT).
- Favoriser l’engagement des salariés en leur garantissant un environnement de travail sain et sécurisé.
Les élus du CSE doivent s’emparer pleinement de leur rôle en matière de santé au travail. Ne vous contentez pas du minimum légal : faites du SPST un partenaire stratégique pour construire une politique de prévention ambitieuse et durable.
Conclusion : une responsabilité commune
La santé au travail est l’affaire de tous. Les SPST, les élus du CSE et la direction doivent travailler main dans la main pour garantir un environnement de travail sûr et épanouissant.
En tant qu’élus, votre mission est claire : ne vous contentez pas de la visite médicale, mais exploitez toutes les ressources offertes par le SPST pour anticiper, prévenir et agir. Vous contribuerez ainsi à bâtir une entreprise où la santé au travail devient un pilier central de la performance sociale.