Au niveau mondial, on constate que plus d'un tiers des salariés travaillent régulièrement plus de 48 heures par semaine, alors que 20 % de la main-d'œuvre se situe à l’opposé du spectre avec des semaines de travail d’un volume horaire inférieur à 35 heures.
L’Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest est la zone géographique où le temps de travail par semaine est le plus faible avec 37,2 heures (33,8 heures pour les femmes et 40,1 heures pour les hommes). C’est en Asie de l’Est que les travailleurs ont les horaires les plus importants avec un temps hebdomadaire de travail de 48,8 heures (48,1 heures pour les femmes et 49,4 heures pour les hommes).
Impacts de l’organisation des horaires de travail
Ces horaires de travail, qu’ils soient plus ou moins conséquents, ont des impacts sur plusieurs aspects pour les travailleurs, les employeurs et les gouvernements.
Le nombre d’heures travaillées, leur organisation et la quantité de périodes de repos affectent la qualité du travail, mais également la vie privée en dehors du lieu de travail. De longues heures de travail, avec des semaines supérieures à 48 heures, ont un effet négatif sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des travailleurs, alors que des heures de travail plus courtes contribuent à faciliter cet équilibre, tout en favorisant une meilleure productivité.
La santé physique et mentale et le bien-être des travailleurs, leur sécurité au travail et durant leur trajet domicile travail, et leurs revenus, sont influencés par les heures de travail et l’organisation des périodes de travail et de repos.
L'aménagement du temps de travail avec des horaires prévisibles et un certain degré d'autonomie dans le temps de travail aide les travailleurs à mieux concilier vie professionnelle et vie privée, tandis que les aménagements avec des horaires imprévisibles ont l'effet contraire.
Le rapport souligne aussi que le fait de travailler plus longtemps que ce que l’on souhaite engendre des effets négatifs sur l’équilibre vie professionnelle/vie privée.
Du point de vue des employeurs, le temps de travail a des conséquences significatives que ce soit sur la performance, la productivité et la compétitivité.
Remarque : au niveau des États, les orientations décidées à propos du temps de travail ont des répercussions sur la santé globale de l’économie, la compétitivité de l’industrie, les niveaux d’emploi et de chômage, les besoins en matière de transport ainsi que sur l’organisation des services publics.
Faire face aux crises économiques et sanitaires
L’OIT revient sur les modèles et les évolutions du temps de travail dans le monde, avec leurs impacts sur l’équilibre vie professionnelle/vie privée. Les aménagements possibles sont la semaine de travail standard, le travail en équipe successives alternantes (y compris le travail de nuit et de week-end), le travail à temps partiel, les horaires flexibles (y compris les accords de partage du temps de travail), la semaine de travail comprimée et les systèmes d’étalement des heures (y compris les heures annualisées).
Remarque : en France, le travail en équipe concerne 18 % des actifs et le travail à temps partiel 32 %.
Le document étudie la concordance et la non-concordance entre les heures de travail souhaitées par les travailleurs et les heures de travail effectives. Il présente une vue globale des mesures prises par les gouvernements et les entreprises afin de faire face aux menaces des crises liées au temps de travail (économiques et sanitaires) : réduction du temps de travail et maintien dans l’emploi, mesures de flexibilité du temps de travail pendant la crise covid-19, télétravail à domicile, etc.
Le sujet du temps de travail est désormais au cœur de nombreuses réformes et évolutions du marché du travail ayant lieu dans le monde. C’est également une préoccupation majeure des partenaires sociaux.
Recommandations
L’OIT suggère de « promouvoir plus largement la réduction du temps de travail et de proposer des aménagements flexibles du temps de travail, tels que l'horaire flexible et le télétravail ». L’organisation estime que ces politiques amélioreraient l’équilibre vie professionnelle/vie privée et seraient bénéfiques aux travailleurs, mais aussi aux employeurs.
Plusieurs recommandations sont émises à destination des politiques publiques, que ce soit au niveau national ou sectoriel :
appliquer le principe de l'égalité de traitement des travailleurs à temps plein et à temps partiel occupant des emplois comparables ; introduire des garanties de base concernant la durée minimale du travail, y compris des sanctions appropriées en cas de non-respect ; adopter des réglementations qui atténuent certaines des vulnérabilités du travail à temps partiel avec des heures très courtes (prime pour les heures courtes, taux de compensation minimum fixe pour les heures de « garde » non travaillées, prestations sociales/de chômage favorables, etc.) ; informer les travailleurs suffisamment à l'avance de leurs horaires de travail afin de leur permettre de planifier correctement leur vie personnelle ; prévoir des congés payés au prorata par rapport au personnel à temps plein ; sensibiliser les travailleurs à leurs droits en matière de travail afin de prévenir la discrimination, notamment à l'égard des femmes et des jeunes qui sont surreprésentés dans les emplois à temps partiel ; fournir à ces travailleurs un accès égal aux opportunités de développement de carrière et de formation professionnelle par rapport au personnel à temps plein.
Concernant les politiques des entreprises, l’OIT plaide en faveur de la promotion de la santé et la sécurité, de la mise en place d’un écosystème « favorable à la famille », de l’amélioration de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée des travailleurs, de la promotion de l'égalité des sexes, de l’augmentation de la productivité et de la durabilité des entreprises, et de la possibilité offerte aux travailleurs d’un certain degré de choix et d'influence sur leurs horaires de travail.
Pour terminer, l’OIT rappelle que « le travail rémunéré ne se limite pas à la satisfaction des besoins matériels des travailleurs. Ceux-ci doivent également avoir la possibilité de mener une vie personnelle épanouie, c'est-à-dire qu'ils doivent être en mesure de trouver un équilibre sain entre leur vie professionnelle et leur vie privée ». Ainsi, la mise en œuvre de politiques et de pratiques progressistes conformes aux principes du temps de travail décent, permettrait, tant aux travailleurs qu’aux employeurs, de récolter les fruits d'un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée.