TÉLÉTRAVAIL - Le gouvernement "défavorable" à l'amendement Lefebvre

Mercredi 27 Mai 2009

C'est un revers pour Frédéric Lefebvre. Après le rejet de son amendement censé permettre à un salarié de travailler de chez lui pendant un arrêt maladie, un congé parental ou maternité, par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale lundi soir, Nathalie Kosciusko-Morizet a assuré mardi après-midi que "le gouvernement y est défavorable". La secrétaire d'État chargée de l'économie numérique s'exprimait à la tribune de l'Assemblée nationale lors de la séance de questions orales.

"Sur le fond, un congé maladie ou un congé maternité c'est d'abord un droit de ne pas travailler pour se remettre de sa maladie ou commencer à élever son enfant", a-t-elle argumenté. Elle a remarqué qu'"une mesure comme celle-ci supposerait qu'on puisse être sûr que le volontariat est bien réel. On sait bien que ce n'est pas forcément le cas, il n'y aurait rien de pire qu'un télétravail subi". Et de considérer que la possibilité d'utiliser le télétravail comme le propose Frédéric Lefebvre "suppose de consulter d'abord les partenaires sociaux". NKM a aussi suggéré de diligenter une étude permettant d'établir une comparaison européenne sur les conditions du télétravail.

Un responsable parlementaire UMP : "C'est une grosse connerie"


La désapprobation est donc grande dans les rangs du parti majoritaire. Claude Goasguen (UMP) a qualifié cet amendement de "pas du tout cohérent, ni important, ni utile". L'ancienne porte-parole du parti Chantal Brunel s'est, elle, inquiétée des "dérives" et des "fraudes" potentielles d'une mesure qui "donne l'impression de détricoter un acquis social". "On pourrait même ouvrir des salles de télétravail dans les maternités et les centres anticancéreux", a raillé le villepiniste Jean-Pierre Grand. Un responsable parlementaire UMP s'est montré catégorique : "Franchement, c'est une grosse connerie. Ça va nous faire perdre des milliers de voix" aux élections européennes du 7 juin.

Argument immédiatement mis en avant par Claude Bartolone, secrétaire national du PS, à la sortie de l'hémicycle : "Imaginez ce que serait le comportement de la droite sur ces textes sociaux si le gouvernement pouvait se féliciter d'un score honorable au moment des élections européennes." Le porte-parole du PS Benoît Hamon, le député socialiste Jean-Marie Le Guen, médecin de profession, le patron des députés du Nouveau Centre - allié de l'UMP - François Sauvadet et le président du Modem François Bayrou ont eux aussi exprimé leur grogne contre l'amendement de Frédéric Lefebvre.

Dans ce concert de réprobations, le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand a souligné qu'il s'agissait "juste d'une faculté, d'une possibilité", tandis que le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a affirmé ne pas avoir "encore d'opinion". Le texte de Frédéric Lefebvre, qui a suscité de nombreuses critiques, est intervenu dans le cadre de la discussion sur la proposition de loi UMP sur le prêt de main-d'oeuvre entre entreprises, qui a débuté lundi soir à l'Assemblée nationale. Après le rejet de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée, le porte-parole de l'UMP avait assuré vouloir déposer une nouvelle version de son amendement
Le Point
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