Mode opératoire détaillé pour permettre aux CSE de faire respecter l'obligation de consultation sur les questions environnementales
La loi « climat et résilience » du 22 août 2021 renforce le rôle du Comité Social et Économique (CSE) en intégrant les enjeux environnementaux dans le dialogue social. En vertu de cette loi, les entreprises doivent consulter le CSE sur les impacts environnementaux de leurs décisions. Ce mode opératoire fournit des étapes précises, enrichies de bases légales et d’exemples pratiques, pour permettre aux CSE de faire respecter cette obligation. Étape 1 : Identifier et maîtriser les obligations légales de l’entreprise Textes de référence juridiques L’article L.2312-8 du Code du travail impose à l’employeur de consulter le CSE sur les orientations stratégiques, incluant désormais l’impact environnemental. L’article L.2312-17 précise que les informations nécessaires à cette consultation doivent figurer dans la Base de Données Économiques, Sociales et Environnementales (BDESE). L’article L.2315-94 autorise le recours à un expert pour appuyer les élus dans les analyses techniques. Exemple concret d’application Une entreprise envisage de modifier un procédé de fabrication augmentant la consommation énergétique. Le CSE doit être consulté sur l’impact environnemental de cette modification, et le projet doit être inscrit dans les orientations stratégiques soumises à consultation. Étape 2 : Établir une communication proactive avec l’employeur Demande formelle de calendrier des consultations Exiger un calendrier annuel des consultations intégrant explicitement les impacts environnementaux. Exemple : Une entreprise de logistique prévoit d’acquérir une nouvelle flotte de véhicules. Le CSE demande l’inscription de ce projet au calendrier des consultations pour analyser les implications sur les émissions de CO₂. Accès à la BDESE Vérifier la présence d’indicateurs environnementaux dans la BDESE, comme les consommations énergétiques, les émissions de gaz à effet de serre (GES), ou les résultats d’audits environnementaux. L’article L.2312-21 précise qu’en cas d’informations manquantes, le CSE peut exiger une mise à jour de la BDESE sous peine de recours devant le tribunal judiciaire. Communication des documents techniques Réclamer les études d’impact environnemental et tout rapport lié aux projets stratégiques, conformément à l’article L.2312-18. Exemple : Si l’entreprise décide de construire un nouvel entrepôt, le CSE peut exiger le plan de gestion des déchets de chantier et l’étude des impacts environnementaux. Étape 3 : Renforcer les compétences des élus Formations spécifiques Mobiliser le budget de fonctionnement du CSE pour organiser des formations sur la réglementation environnementale, l’analyse d’impact et les bonnes pratiques en matière de durabilité. Exemple : Formation sur les obligations de reporting en matière de GES ou sur les normes ISO 14001 (systèmes de management environnemental). Appel à un expert Faire appel à un expert habilité, comme un expert-comptable ou un spécialiste de l’environnement, pour évaluer les documents fournis par l’entreprise. Exemple : Un expert est sollicité pour analyser les conséquences environnementales d’un projet d’automatisation industrielle entraînant une consommation accrue d’électricité. Étape 4 : Construire des avis argumentés Analyser les données techniques Vérifier si les mesures proposées respectent les obligations légales, comme celles du Code de l’environnement (ex : obligation de limiter les rejets polluants). Exemple : Une entreprise agroalimentaire projette de changer ses emballages. Le CSE peut exiger que les nouveaux matériaux respectent les normes européennes sur le recyclage (Directive 94/62/CE). Émettre des avis avec alternatives Proposer des alternatives en cas d’impact négatif identifié. Exemple : Pour un projet d’installation de panneaux solaires, le CSE peut recommander une étude de faisabilité pour inclure des panneaux plus performants ou une réutilisation des matériaux en fin de vie. Demander des engagements écrits Inclure dans l’avis des questions précises et des demandes d’engagements écrits. Exemple : Si une entreprise augmente sa production, le CSE peut demander des garanties pour compenser l’augmentation des émissions, comme un investissement dans des solutions de réduction des GES. Étape 5 : Activer les recours en cas de manquement Saisir l’inspection du travail En cas de refus de consultation ou d’informations incomplètes, signaler le manquement à l’inspection du travail, qui pourra intervenir pour garantir le respect de la législation. Utiliser le droit d’alerte environnementale L’article L.4133-2 du Code du travail précise qu’en cas de risques graves pour l’environnement, le CSE peut activer le droit d’alerte pour obliger l’employeur à se justifier. Recours judiciaire Si les consultations environnementales ne sont pas respectées, engager une procédure devant le tribunal judiciaire pour non-respect des obligations du CSE (articles L.2312-8 et suivants). Étape 6 : Impliquer les salariés dans la démarche Informer les salariés Publier des comptes rendus sur les impacts environnementaux des projets discutés lors des réunions du CSE. Exemple : Une communication interne sur la transition énergétique de l’entreprise, montrant les résultats obtenus grâce aux interventions du CSE. Organiser des consultations participatives Proposer des ateliers ou des sondages pour recueillir les idées des salariés sur des actions environnementales. Conclusion
La consultation environnementale du CSE représente une avancée majeure dans le dialogue social. Ce mode opératoire, basé sur des obligations légales précises, des exemples pratiques et des outils concrets, permet aux élus de jouer un rôle déterminant dans la transition écologique de leur entreprise. En s’appuyant sur leurs droits et les outils mis à leur disposition, les CSE peuvent faire respecter cette obligation et influencer durablement les choix stratégiques des entreprises.