Les syndicats pas pressés de discuter du chômage partiel

Mercredi 3 Décembre 2008

Alors que Nicolas Sarkozy les invite à prendre des mesures ambitieuses, les partenaires sociaux veulent prendre leur temps.


Nicolas Sarkozy le répète depuis des semaines : la crise aura un impact négatif sur l'emploi. On en a chaque jour la traduction avec les annonces en rafale de plans sociaux et de mise au chômage technique. Laurent Wauquiez a une nouvelle fois indiqué mercredi que les chiffres du chômage d'octobre - publiés jeudi soir - seront «très mauvais», autant que ceux d'août où 42 200 demandeurs d'emploi de plus avaient été enregistrés sur un seul mois.

À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. C'est la réponse de Nicolas Sarkozy qui a annoncé mardi l'extension à dix-huit nouveaux bassins d'emploi du contrat de transition professionnelle (CTP). Ce «dispositif de reclassement de luxe», qui concerne… 1 500 licenciés économiques dans sept zones expérimentales (sur un total 180 000 chaque année sur tout le territoire), permet de toucher 100 % de son dernier salaire net et de bénéficier d'un accompagnement renforcé pendant un an. «C'est bien pour ceux qui pourront en profiter, mais cela ne changera rien si les intérimaires et les salariés en fin de contrat précaire ne peuvent pas en bénéficier, critique Gaby Bonnand, de la CFDT. Il faut cibler les vraies victimes de la crise pour que les mesures soient vraiment efficaces.»Selon lui, l'extension du CTP pourrait bénéficier seulement à 20 000 personnes qui, de plus, ne seront pas comptabilisées comme demandeurs d'emploi de catégorie 1, celle de référence chaque mois, mais intégrées en catégorie 4 comme «stagiaires de la formation professionnelle».

«Ne pas tout mélanger»

Pour tous les autres licenciés économiques d'entreprises de moins de 1 000 salariés (mais aussi en redressement ou liquidation judiciaire), Nicolas Sarkozy a demandé aux partenaires sociaux de réformer - en s'inspirant du CTP - la convention de reclassement personnalisé qui concerne 26 400 personnes (inscrites aussi en catégorie 4). Si les syndicats sont d'accord, ils ne veulent pas chambouler leur négociation sur l'assurance-chômage. «C'est une bonne idée, mais nous devons faire attention à ne pas créer des dispositifs de reclassement à plusieurs vitesses», note Gabrielle Simon, de la CFTC. «Tout le monde est conscient qu'il faut trouver des solutions, mais nous voulons améliorer l'indemnisation de tous les chômeurs alors que le patronat veut, lui, baisser des cotisations», abonde Maurad Rahbi, de la CGT.

L'autre exigence du chef de l'État concerne le chômage technique qui touchait 89 000 salariés au deuxième trimestre et devrait exploser au prochain… sans pour autant gonfler les chiffres du chômage puisque leur contrat de travail est maintenu.

Le problème réside dans sa faible indemnisation (au minimum 50 % de la rémunération brute, et au moins 4,42 euros par heure chômée) versée par les entreprises puis remboursée par l'État. Une question d'autant plus importante que Nicolas Sarkozy va porter de 600 à 800 heures le nombre annuel d'heures chômées par salarié et de quatre à six le nombre de semaines consécutives d'activité réduite. Le président exige que les partenaires sociaux intègrent ces données dans leurs négociations actuelles, notamment en prévoyant que les salariés soient formés pendant les périodes de chômage forcé. Là encore, les partenaires sociaux ne veulent pas se précipiter. «La question du chômage partiel n'a rien à voir avec les négociations d'assurance-chômage ou de formation professionnelle, explique Gaby Bonnand. On ne peut pas tout mélanger et venir grever l'avenir des systèmes avec des mesures conjoncturelles qui relèvent de la responsabilité financière de l'État.»

Marc Landré- lefigaro.fr
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