Attention sujet sensible ! Plus de deux salariés sur trois souffrent ou ont souffert d’un mal de dos. Ce calvaire est le trouble musculo-squelettique le plus répandu en 2022, devant les douleurs aux épaules et à la nuque (58 %), au genou (38 %), au poignet (30 %) et au coude (15 %). Au total, 77 % des personnes interrogées déclarent que leurs douleurs sont liées à leur travail.
C’est ce que révèle une étude de l’Ifop pour Percko, spécialiste des solutions de maintien de la colonne vertébrale, réalisée via un questionnaire en ligne, du 6 au 8 décembre 2022, auprès de 1 004 personnes.
Les salariés manuels et les télétravailleurs en première ligne
Ce mal ne concerne pas que les travailleurs manuels puisque près de quatre employés sur dix ont mal au dos au moins une fois par semaine, notamment les femmes. Les télétravailleurs à temps complet sont particulièrement touchés. Près d'un sur deux (46 %) souffre du dos au moins une fois par semaine.
"L’intérêt de cette étude est de montrer que des troubles comme le mal de dos sont loin d’être en recul, ni d’être l’apanage des travailleurs manuels : un nouveau facteur aggravant issu de l’évolution des métiers, le télétravail, semble en effet jouer sur la prévalence de ce genre de souffrance", indique Gautier Jardon, chargé d’études senior au pôle "Actualités et politique" de l’Ifop.
A noter toutefois que le mal de dos est aussi lié à l’âge des salariés. Les travailleurs de plus de 60 ans sont davantage touchés, avec plus de la moitié d’entre eux qui disent souffrir de maux de dos au moins une fois par semaine. "C’est donc un vrai enjeu de santé publique à prendre, à nos yeux, en compte dans la perspective de la réforme des retraites", constate les auteurs de l’étude.
Manque d’équipements adéquats
En cause : le manque d’équipements adaptés. Travailler à la maison n’est pas toujours chose facile. "Les télétravailleurs se retrouvent bien souvent dans leur chambre, sur un coin de table ou dans leur salon pour travailler. Des postures inadéquates pour travailler confortablement des journées entières et le résultat est là, les personnes souffrent de plus en plus de mal de dos", avertit Alexis Ucko, co-fondateur de Percko. De plus, "si le fait de travailler à la maison nous épargne les déplacements parfois contraignants pour se rendre au bureau, il renforce également la sédentarité. Pour être en bonne santé physique, il est pourtant essentiel de bouger, même lorsque l’on télétravaille".
Rappelons que la sédentarité est définie par "une situation d’éveil caractérisée par une faible dépense énergétique en position assise ou allongée". Elle est considérée de manière distincte de l’inactivité physique, avec ses effets propres sur la santé.
L’inactivité physique est elle définie comme un niveau insuffisant d’activité physique d’intensité modérée à élevée, c’est-à-dire un niveau inférieur à un seuil d’activité physique recommandé
Il est important de souligner que les relations entre l’activité physique et la sédentarité sont complexes. Pour agir sur l’état de santé, il faut agir sur les deux, à la fois augmenter le niveau de l’activité physique et limiter la sédentarité.
Les conséquences sont lourdes : le mal au dos impacte la vie professionnelle des salariés. La moitié des salariés souffrant du dos (46 %) ont notamment déjà rencontré pour cette raison des difficultés à faire des tâches ou des missions professionnelles.
Une souffrance "taboue"
Or, cette souffrance est encore "relativisée" voire "taboue", observe Percko : par peur d’être stigmatisés, les salariés hésitent à demander un arrêt maladie en raison d’un mal de dos. 42 % des personnes concernées passent sous silence leurs problèmes alors que 34 % se manifestent auprès de leur DRH. "Et 60 % des salariés les plus précaires n’osent pas demander des arrêts de travail pour ce motif".
Les télétravailleurs veulent que les entreprises financent leur équipement
Ils estiment que leur souffrance est sous-estimée par le management et leur entreprise. "Une majorité de télétravailleurs trouvent insuffisante la participation de leur entreprise à l’achat de matériel ergonomique (60 %)", précise Alexis Ucko. Car hormis les grandes entreprises, peu ont investi dans des packs incluant des doubles écrans et une chaise ergonomique pour avoir un poste de travail adapté. Pourtant, deux éléments sont essentiels pour éviter le mal de dos : avoir un bon siège et surélever son ordinateur".
C’est pourquoi, les trois quarts des personnes interrogées souhaitent que les entreprises financent des sièges de qualité aux télétravailleurs, notamment 81 % des télétravailleurs à temps partiel et 79 % des cadres. Et ceci, "d’autant plus dans un contexte où le plan de sobriété énergétique les encourage à généraliser le travail à distance".