Fusion ANPE-Assedic: les syndicats de l'ANPE appellent à la grève lundi

Lundi 1 Décembre 2008

A un mois de la naissance le 1er janvier de Pôle emploi, nouvel organisme issu du mariage entre l'ANPE et les Assedic, les syndicats de l'ANPE s'inquiètent des conditions de cette fusion qui intervient en pleine remontée du chômage, et appellent à la grève lundi.


"Notre mot d'ordre porte sur les salaires, les effectifs et les conditions de travail, que la fusion va dégrader", a déclaré à l'AFP Philippe Sabater, responsable national du SNU-ANPE, premier syndicat de l'agence, qui appelle à la grève au côté de la CFDT, la CFE-CGC, la CGT, la CFTC, FO, Sud et l'Unsa.

La naissance juridique de Pôle emploi est prévue le 1er janvier, mais les nouveaux services pour les chômeurs seront opérationnels à la fin de l'été 2009. A cette échéance, tous les demandeurs d'emploi pourront effectuer leurs démarches dans un même lieu, auront un entretien unique d'inscription et seront suivis par un référent unique.

Pour harmoniser les statuts des 28.000 agents de l'ANPE et des 15.000 salariés des Assedic une convention collective nationale doit être signée d'ici 18 mois. Entre-temps, les partenaires sociaux doivent négocier d'ici fin 2008 un accord temporaire pour fixer les conditions d'emploi des nouveaux embauchés à partir du 1er janvier 2009.

"C'est inédit une fusion entre un organisme de droit privé (les Assedic) et un autre de statut public (l'ANPE), et il va falloir harmoniser les salaires, plus élevés aux Assedic, revoir la protection sociale, les retraites, les conditions d'embauche", explique Dominique Nugues (Unsa).

Pour le directeur général de l'ANPE, Christian Charpy, "c'est normal qu'un changement de cette nature suscite des inquiétudes et des questions. Donc on s'efforce d'y répondre en apportant un maximum de renseignements sur le processus de fusion".

"Sur les écarts de salaire, c'est par la négociation de la convention collective nationale qu'on saura résoudre ce problème, mais c'est vrai que dans la période intermédiaire, il va rester des différences", déclare à l'AFP Christian Charpy, également délégué général de l'Instance nationale provisoire, qui préfigure Pôle emploi.

"Pour l'inquiétude sur la surcharge de travail avec l'augmentation du chômage et qui crée, et c'est bien normal, des tensions dans le réseau, nous allons dans les prochains jours mettre en place un dispositif pour régler les difficultés qui peuvent exister pour prendre en charge les nouveaux demandeurs d'emploi", ajoute-t-il.

Mais pour M. Sabater, "c'est une fusion à marche forcée, qui se fera au détriment des conditions de travail des agents et de l'accueil des demandeurs d'emploi", alors que "le chômage est reparti à la hausse et qu'on nous confie de nouvelles missions comme le suivi des seniors".

Le nombre de chômeurs inscrits à l'ANPE est repassé en octobre au-dessus des deux millions, avec un bond de 46.900 personnes en un mois. Sur trois mois, le nombre de demandeurs d'emploi supplémentaires atteint près de 100.000.

"On demande aux agents d'en faire plus, d'apprendre de nouveaux métiers, et les conditions de travail qui sont déjà difficiles aujourd'hui vont devenir insoutenables", selon Jean-Paul Thivolie (CFE-CGC).

"Sur le terrain, la tension est très forte, la fusion n'est pas bien préparée, personne n'est associé à sa mise en oeuvre", fait valoir Bernie Billey (CFDT).

La dernière grève à l'ANPE contre cette fusion a eu lieu le 18 décembre 2007 et avait mobilisé 10 à 15% du personnel, après deux mouvements plus suivis, le 18 octobre 2007 (25%) et le 27 novembre (40%).
PARIS (AFP)
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