Au chômage dans leurs entreprises

Mercredi 15 Avril 2009

En Loire-Atlantique, 11 630 salariés ont fait l'expérience du chômage partiel au cours du premier trimestre 2009.


311 entreprises du département ont utilisé le chômage partiel depuis le début de l'année.

Nantes

Colère, sentiment d'abandon chez les Waterman. Le 31 mars, revenant à leur poste de travail, les salariés ne veulent pas y croire. De nouveau, c'est le chômage partiel. « Nous travaillons dix jours en avril et neuf en mai, et seulement 6 heures par jour », raconte la déléguée CGT Jacqueline Morisson. « Nous avons provoqué une réunion du comité d'entreprise le 6 avril pour connaître l'état des stocks. La direction nous a dit qu'ils n'ont pas baissé. »

Délocalisations en Chine et en Tunisie

Même en poste, les tâches manquent. Il arrive qu'ils nettoient leur poste de travail, qu'ils fassent du rangement ou détruisent les invendus pour récupérer l'or des stylos. Tristement banal dans ce groupe américain bénéficiaire, la production bas de gamme est délocalisée en Chine et en Tunisie pour réserver le haut de gamme à la France. « Les Chinois ont de nouvelles machines. Chez nous on ne veut plus investir dans les nouvelles technologies. Une société qui n'investit pas, elle meurt », souligne un salarié. Quant aux machines, « certaines sont abandonnées, d'autres réparées avec les moyens du bord. »

Waterman a un passé glorieux ? En 1997, la société de Saint-Herblain comptait encore 1 000 salariés et une centaine d'intérimaires. Aujourd'hui ils sont 510. Pannes de commandes, stocks qui s'accumulent, depuis le début de la crise, les salariés ont utilisé tous leurs congés, leurs jours de récupération et de RTT. Dès février, les premiers testaient le chômage partiel. En avril, la plupart sont concernés, payés 60 % du salaire brut les jours chômés. « Encore rémunéré 1 400 € nets en décembre à un autre poste, raconte un ouvrier ayant vingt ans de maison, je risque d'avoir environ 1 000 net fin avril. »

800 heures de chômage partiel par salarié par an

En Loire Atlantique, l'industrie paie le plus lourd tribut à la crise. « Depuis début 2009, 311 entreprises ont utilisé le chômage partiel » selon la direction départementale du travail. Très au-dessus des évaluations des syndicats CFDT et CGT. Le plafond du chômage partiel a été repoussé de 600 à 800 heures par an. Est-ce assez quand l'entreprise tourne une semaine par mois ? « À Waterman, les filles commencent à pleurer, ne voient rien venir », raconte Olivier, ouvrier régleur sur presse.

« Les entreprises manquent de visibilité », souligne le directeur départemental du travail, Michel Bentounsi. « Si rien ne change, des secteurs comme le commerce vont être touchés », préditla secrétaire générale de la CGT, Marie-Claude Robin.Face à la crise, la Région des Pays de la Loire a débloqué 0,963 M€ pour inciter les salariés à se former pendant leur chômage partiel.

« À court terme, estime Pierre Henri Beauval (CFDT métaux), le chômage partiel peut se transformer en plan social. » L'aide sociale suffira-t-elle ? Ainsi, la Caisse d'allocations familiales (CAF) pratique un abattement de 30 % des revenus en cas chômage partiel, ouvrant droit à des allocations plus élevées. « Il n'y aura sans doute pas d'amélioration d'ici fin 2009, début 2010 », précise Michel Bentounsi.
presse océan
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